Raw Portraits: Giulia Peyrone


Explorant la mémoire et la transformation à travers la peinture et les textiles.

Raw Portraits: Giulia Peyrone

Raw Portraits: Giulia Peyrone


Raw Portraits: Giulia Peyrone

Explorant la mémoire et la transformation à travers la peinture et les textiles.


ROWSE

Ayant passé vos premières années entre l’Italie et la Thaïlande, comment ce déplacement culturel constant a-t-il influencé votre manière de percevoir et de créer aujourd’hui ?

GIULIA
En me déplaçant constamment entre l’Italie et la Thaïlande, mon monde était toujours en mouvement ; les aéroports sont devenus familiers et ma maison un mosaïque d’objets, de textiles et de matériaux. Cette dualité a façonné très tôt mon regard : j’ai appris à lire la culture à travers la forme, la couleur et la texture. Créer de l’art est devenu ma manière d’ancrer le changement : la peinture, pour moi, est un espace sans frontières où matériaux, mémoires et identités peuvent coexister et se transformer.

ROWSE

Comment vous décrivez-vous généralement, vous et votre pratique ? Il y a une belle tension dans votre travail entre répétition et rupture, contrôle et intuition. D’où cela vient-il ?

GIULIA
Je peins la tension silencieuse des petites choses ; gestes quotidiens, changements émotionnels, états d’esprit inexprimés. Mon processus oscille entre contrôle et intuition : répéter des formes pour trouver le rythme, puis les briser pour laisser émerger l’inattendu. Chaque pièce est un langage symbolique, une manière de traduire ce que je ne peux pas mettre en mots. À travers la peinture, je transforme le chaos intérieur en moments de calme, offrant aux spectateurs des fragments de leur propre paysage émotionnel.

ROWSE

Vous passez avec douceur d’un médium à l’autre : peinture, textile, installation, gravure. Qu’est-ce qui guide votre choix de forme ? Est-ce une question d’instinct, de structure ou quelque chose entre les deux ?

GIULIA
Ma pratique est enracinée dans l’exploration. Je laisse les matériaux me guider, parfois c’est l’instinct, parfois une réponse discrète à un sentiment ou un lieu. Je me déplace entre échelle et médium comme une façon de réfléchir au temps, à la mémoire et à la transformation. J’essaie de ne pas établir de règles, mais de rester ouverte. Chaque forme révèle quelque chose que l’autre ne peut pas.

ROWSE

Quelle est votre relation avec la beauté, non pas comme perfection, mais comme quelque chose de brut ? Comment vit-elle dans votre quotidien et dans les gestes de votre travail ?

GIULIA
Je vois la beauté comme quelque chose d’intime et d’imparfait, plus rituel que résultat. Elle vit dans la façon dont je prépare le café, plie les tissus, dispose les objets ou prends soin de ma peau dans les heures silencieuses. Ces petites routines personnelles m’ancrent dans le présent. La beauté, pour moi, n’est pas polie : elle est brute, discrète et profondément ressentie. Dans mon travail, j’essaie de préserver ce sentiment : la texture d’un coup de pinceau, le bord inachevé, la trace d’une main. Il s’agit de la présence plus que de la perfection, de créer un espace pour ce qui est réel.

ROWSE

Pourriez-vous partager certains de vos rituels dans l’atelier ? Y a-t-il des objets, des mouvements ou des textures qui vous ancrent dans l’acte de créer ?

GIULIA
Je commence par préparer l’espace ; allumer une bougie, choisir une musique qui correspond à mon humeur, ajuster le chevalet et placer la toile. Mélanger les couleurs est un acte d’ancrage, comme accorder un instrument. Ces gestes simples m’aident à me tourner vers l’intérieur. Les textures qui m’entourent : lin, papier, tissu restant, me ramènent dans le présent. Elles me rappellent que créer n’est pas seulement une question de résultat, mais d’être pleinement là.

ROWSE

Vous avez vécu et travaillé dans des lieux comme New York et Milan. Comment chacune de ces villes a-t-elle laissé son empreinte sur vous, non seulement comme artiste, mais aussi comme personne dans le monde ?

GIULIA
Milan m’a appris l’élégance, la retenue et le pouvoir silencieux des détails. New York m’a donné l’urgence, la liberté et le courage de prendre de la place. Chaque ville a façonné ma manière de me déplacer dans le monde, de voir, de ressentir et de créer. Elles ont laissé leur marque non seulement dans mon travail, mais aussi dans le rythme de mes pensées, ma façon de m’habiller, ma manière de maintenir le contraste ; entre structure et spontanéité, douceur et intensité.

ROWSE

Et maintenant, en regardant vers l’avenir : y a-t-il des formats, matériaux ou idées qui vous appellent, quelque chose que vous n’avez pas encore exploré mais qui vit déjà en vous ?

GIULIA
Dernièrement, je me sens attirée par le mouvement : des formats qui respirent, voyagent et interagissent avec le corps. Textiles, vêtements, objets portables. Je pense aussi davantage au récit comme médium : mêler image, texte et mémoire en quelque chose de plus fluide. Il y a un désir d’estomper les frontières entre art, vie et rituel pour créer des œuvres qui ne sont pas seulement vues, mais vécues.

Image 1
Image 1
Image 1
Image 1
Image 1
Image 1